Dans une affaire similaire ร celle de Vincent Lambert, Archie Battersbee, un enfant de 12 ans, est victime dโune hypoxie-ischรฉmie (rรฉduction de lโapport en oxygรจne vers le cerveau) ร la suite dโun dรฉfi lancรฉ sur les rรฉseaux sociaux. En mort cรฉrรฉbrale depuis avril, lโรฉquipe mรฉdical du Royal London Hospital avait pris la dรฉcision de mettre fin aux soins qui maintenaient lโenfant en vie.
Les parents de lโenfant ont formรฉ plusieurs recours devant les juridictions nationales afin dโimposer ร lโhรดpital de continuer les traitements.
Les juges de la Haute Cour de Londres ont estimรฉ que, dans lโintรฉrรชt de lโenfant, il รฉtait nรฉcessaire dโarrรชter le respirateur qui le maintenait en vie.
La Cour dโappel et la Cour suprรชme ont rejetรฉ les appels des parents de la victime. Ces derniers ont alors demandรฉ le soutient du Comitรฉ des droits des personnes handicapรฉes (United Nations Committee for the Rights of People with Disabilities) qui a exhortรฉ les autoritรฉs britanniques ร intervenir contre lโarrรชt des traitements.
Malgrรฉ ce soutien de taille, lโรฉquipe mรฉdicale du Royal London Hospital avait indiquรฉ le 30 avril que, sans aucune dรฉcision de justice nationale imposant de poursuivre les traitements, le maintien artificiel en vie de la victime serait arrรชtรฉ le 1er aoรปt.
Aprรจs sโรชtre encore fait dรฉboutรฉs devant les instances nationales, les parents de la victime dรฉcident de saisir la Cour europรฉenne des droits de lโHomme (CEDH) le 03 aoรปt 2022.
Ces derniers se fondent sur lโarticle 39 du rรจglement de la CEDH qui implique que des mesures provisoires peuvent รชtre prises lorsquโil y a un risque imminent de dommages irrรฉparables.
Ils invoquent aussi les atteintes au droit ร la vie de leur fils (article 2 de la Convention europรฉenne des droits de lโHomme [ConvEDH]), au droit ร un procรจs รฉquitable (article 6), au droit au respect de la vie privรฉe et familiale (article 8), ร la libertรฉ de pensรฉe, de conscience et de religion (article 9), au droit ร un recours effectif (article 13), ร lโinterdiction de discrimination (article 14) et au droit de saisir la Cour dโune requรชte (article 34).
Malgrรฉ ces fondements, la Cour a considรฉrรฉ que les conditions dโadmissibilitรฉ requises pour former une requรชte nโรฉtait pas remplies. Les juges de la Cour de Strasbourg prรฉcisent aussi quโils nโinterfรฉreraient pas avec les dรฉcisions des Cours nationales britanniques.
La systรฉmatisation dโune procรฉdure trop technicienne de dรฉcision de fin de vie et le respect de la personne humaine sont antinomiques. Le rapport ร la vie et ร la mort est un rapport รฉminemment individuel et, surtout, non protocolisable.
Plusieurs pistes de rรฉflexion sont ร prendre en compteย : ย philosophiques, รฉthiques, spirituelles, sociologiques, psychologiques et par nature biologiques.
La complรฉmentaritรฉ de ces questionnements et leur importance doivent, dans un contexte de criseย ย hospitaliรจre par manque de ressources, interpeller les pouvoirs publics sur lโรฉquilibre entre gestion des ressources et respect des droits fondamentaux.
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Communiquรฉ de la CEDH :
https://hudoc.echr.coe.int/eng-press?fbclid=IwAR2REMTWbOqoA_FKsgquN65hZrI-pyH3tZfh9m_lLG-X4cPZMUaZWXz_H_o#{%22itemid%22:[%22003-7401743-10126173%22]}